Quand mes pensées s'échappent ... {PV Jae Hwa Lee

Citation :: « Et ils partirent en courant. En traversant le salon,il virent le paquet toujours ficelé. Paul entraîna Sophie, qui avait bien envie de s'arrêter, et il n'y pensèrent plus. »

C'était la phrase où je mettais perdu, moi non plus je ne pensais plus à rien. Depuis quelques minutes mon attention n'était plus consacré à ce roman français que j'aimais tant. Assise sur la plate forme de cette fenêtre type à l'anglaise, mon esprit était tout autre part.

Il était si bizarre depuis quelques temps, encore plus froid qu'il ne le laissait paraître habituellement. Je me demandais bien ce qu'il pouvait avoir, qu'est-ce qui avait bien pu se passer ces derniers jours pour qu'il devienne encore plus agressif qu'habituellement. J'étais curieuse, c'était sur mais on ne s'était jamais vraiment parlé au point d'être amis pour que je lui pose ce genre de question qui pouvait être personnelle … mais cela me turlupinait tellement. Vous me direz, pourquoi me préoccuper de lui alors que comme je l'ai dit, je le connais à peine. Takeshi m'intrigue ! Je travaille dans le salon de thé, café et chocolat de ses parents en temps que vendeuse, combinant le poste de serveuse quand ils avaient besoin de moi dans le salon de thé qui était relié à la boutique et cela depuis bientôt 2 ans mais c'est vrai que je connais peu leur fils unique. Je le côtoie donc couramment seulement voilà je n'ai jamais réussis à le cerner, il est si spécial à mes yeux.

C'est donc à Takeshi Miura que je pensais, assise sur la fenêtre de la bibliothèque si calme. En même temps, il n'était que dans la zone de 16h, heure à laquelle les autres universitaires sont encore dans leurs salles de cours.
J'étais donc paisible, assise sur le rebord de cette fenêtre de la bibliothèque, mes jambes légèrement recroquevillé sur moi même, le livre ouvert posé contre moi, le regard perdue dans le jardin de l'Université reflétant par ses couleurs pâles le temps maussade, gris presque pluvieux … et mon esprit bien plus loin encore que l'horizon du paysage.

Jae Hwa somnolait presque sur son livre à demi ouvert alors que son professeur d’anglais ne cessait de parler depuis maintenant une heure. Le pauvre jeune homme avait commencé à décrocher à partir du premier quart d’heure, l’envie d’étudier n’était pas là aujourd’hui. Il avait donc soupiré de soulagement lorsque la sonnerie des seize heure s’était faite entendre. Il avait en moins de deux fermé son livre, et commencé à ranger ses affaires. La journée était terminée, quoi de mieux ? Il attendait ça depuis le commencement de sa journée… autant dire que c’était long. Il aurait normalement dû aller à son club afin de voir s’il y avait des choses à faire ou à préparer… c’était sans doute plus pour se donner bonne conscience qu’autre chose qu’il y était passé en coup de vent afin de dire qu’il ne viendrait pas. Non, sa seule envie était de sortir de toute salle de classe afin de libérer son esprit embrumé par les cours.

Un passage par la bibliothèque s’imposait. Le Coréen devait en effet y rendre un livre, et étant donné qu’il avait emprunté l’objet depuis un petit bout de temps déjà il valait mieux qu’il y aille avant de se faire réprimander. Il entra donc dans la salle rayonnée et calme. Jae Hwa aimait particulièrement ce calme si particulier, en fait il pourrait passer des heures dans un coin de la large pièce à bouquiner. Son esprit vagabondait à chaque fois qu’il était ici, souvent en solitaire d’ailleurs. C’était préférable, il n’osait même pas imaginer ce que ça donnerait s’il venait ici en compagnie de ses amis… la pauvre documentaliste deviendrait vite folle. Il posa le livre sur le bureau de la vieille dame qui le regarda un instant avec un regard haineux, puis elle échappa un vague « merci » plus indifférent qu’autre chose. Le jeune Lee n’en porta pas plus attention, car à peine avait il posé l’objet qu’il était parti à l’aventure des étagères. Il passa une bonne dizaine de minute à faire des aller et retours à travers les allées, s’arrêtant parfois sur des couleurs de couvertures ou bien des titres intriguant l’œil. Puis finalement il finit par se diriger en direction de la sortie de la bibliothèque.
C’est en passant non loin des fenêtres qu’une silhouette installée contre l’une d’elle attira son attention. Le demoiselle était assise sur le rebord, le regard plongeant contre la cour de l’université à travers la longue vitre. Son pas ralentit, il prit le temps de détailler un peu la jeune fille du regard. Il ne lui fallut pas plus de temps que ça pour en fin de compte reconnaître Weng Lin. Il ne savait pas comment il n’avait pas pu la reconnaître plus tôt, même si leur discussion respectives s’étaient toujours arrêtées aux simples salutations Jae Hwa connaissait bien son visage, en plus d’être la petite sœur fétiche de son ami. Il s’avança calmement en sa direction, puis il s’arrêta une fois à sa hauteur. Il remarqua alors le livre qu’elle avait de posé sur les genoux, ouvert. Elle devait être en pleine lecture, mais là elle était ailleurs. C’était bien simple à deviner, rien qu’à voir qu’elle ne l’avait même pas entendu. Jae Hwa était de bonne humeur aujourd’hui, et il n’avait pas envie de passer par les politesses habituelles. Il tira donc sur le bouquin, et regarda la première phrase du paragraphe qui lui passait sous les yeux.

>> Qu’est-ce que tu nous lis là ?

Il feuilleta le livre délicatement, en prenant soin de ne pas le fermer et ainsi perdre la page. Il était trop soigneux pour faire une chose pareille. Il était encore dans son observation lorsqu’il se demanda si elle l’avait au moins reconnu. Il espérait que ça soit le cas, sinon il passerait pour quoi ?

Comme beaucoup de personne, Weng Lin venait seule dans ce genre d'endroit. Bien qu'elle ne soit pas du genre à détester la compagnie des gens, bien au contraire, mais disons qu'elle n'aimait pas être déranger par une fille bien pipelette qui ne comprend rien à la littérature et qui jacasse sur les dernières fringues à la mode où les sujets peoples sans arrêt. Ce n'était pas vraiment le genre de fréquentation de la demoiselle, elle aussi pouvait avoir son coté fille fashion qui se révèle mais disons que ce n'était pas cette partie là qu'elle aimait le plus chez elle. Son coté naturelle, que certain décrivait comme littéraire, intello ou pour certain bizarre, lui aller bien. C'était d'ailleurs comme cela qu'elle se sentait mieux, au naturel.

Le coté rêveuse lui allait bien aussi, c'est vrai que la demoiselle croyait encore au prince charmant, aux histoires d'amour et de passion au style de Shakespeare du genre Roméo et Juliette … une vraie romantique cette petite demoiselle mais CHUTTT c'est un secret.

En tout cas, en ce moment elle incarnait bien ce coté là. La tête dans les nuages, elle n'était plus à la bibliothèque, son attention posé sur son livre mais bien plus loin. Non elle était bien loin, en tout cas assez pour être surprise et faire un bond de 15 mètres de hauteur en entendant une voix près d'elle.

La main sur sa poitrine, elle avait le regard d'une agonisante. Elle regarda alors vers la silhouette qui était devant elle et à laquelle elle ne voyait que ses pieds,vu son regard en direction du sol et reconnu alors le jeune garçon. Elle reprit son calme et répondit alors

Oh Jae-Hwa ! Tu m'as fait peur

Elle souria alors et continua de se calmer. Repensant à la question qui l'avait fait tomber de son petit nuage, Weng Lin posa son regard sur son bouquin qui était maintenant dans les mains du jeune Lee.

Les Malheurs de Sophie, de la Comtesse de Ségur. Une œuvre française que j'aime beaucoup.

Elle souria alors. La jeune Park ne se souvenait surement pas du nombre de fois qu'elle avait bien pu parcourir les pages de ce livre. C'était son livre préféré et était donc nommé livre de chevet officiel.

Le petit sursaut de la demoiselle lui donna un sourire intérieur. Il savait pourtant bien qu’elle était perdue dans ses pensées, et que dans ses moments là il peut-être risqué d’intervenir. Mais sa réaction ne lui déplaisait pas, il avait eu une certaine fierté à voir qu’elle avait eu un soubresaut à sa prise de parole. C’était sans aucun doute la partie encore enfantine de son esprit qui pouvait réagir ainsi, car habituellement il était bien loin d’être content d’une chose aussi futile. Enfin là n’était pas le sujet, s’il avait soudainement le malheur de repenser à l’enfance à tout ce qui y touche en son ensemble il finirait dans un nouveau coup de blues et il n’était pas question qu’il soit comme ça ici. Encore moins en présence de Weng Lin.
C’est alors qu’elle lui répondit. « Les malheurs de Sophie » Voilà un titre qui ne lui était pas inconnu. Tout comme la personne qui l’avait écrit. Cependant Jae Hwa ne l’avait pas lu. Il l’ajouterai à sa longue de lecture à faire. C’était un jeune homme qui adorait la lecture, et ce depuis qu’il était enfant. Il lisait vraiment de tout, ce qui était un avantage comme un inconvénient : il n’était pas possible de lui déposer un style.

>> 1859… J’essayerai de la lire un jour.

1859 ?! Comment est-ce qu’il faisait pour sortir une date de parution sans connaître le bouquin. C’est ça qu’on appelait la culture. Enfin il n’y avait rien d’extraordinaire la dedans étant donné que la jeune Park connaissait cette œuvre sans doute par cœur, elle devait connaître bien plus de date que lui sur l’écrit et son auteur. Lui en ce moment était en pleine lecture d’une œuvre de Yukio Mishima « Confession d’un masque ». Un écrit autobiographique sur un jeune homme et ses réflexions sur ses attirances homosexuels. Un auteur de la Seconde Guerre Mondiale. C’était très intéressant, bien qu’un peu complexe et tordu parfois. C’était sans aucun doute pour cela qu’il préférait ne pas dire ce qu’il lisait en ce moment à la demoiselle, même si ce grand japonais ne méritait que plus de lecteurs par son style incomparable.
Il prit soin de ne pas perdre la page du livre de Weng Lin lorsqu’il lui rendit. Une fois qu’elle l’eut en main, il passa un regard au travers de la fenêtre. Il faisait un temps plutôt pas mal, ça devait être très reposant de lire installé dans un endroit comme celui ci. Il faudrait qu’il essaye un de ces jours lorsqu’il y penserait. Il évita de se perdre trop longtemps dans ses pensées, et reporta son attention sur la coréenne.

>> Je ne t’ai pas dérangé au moins ?

C’était une faible crainte, mais il préférait le savoir. Jae Hwa était un jeune homme très poli, et très respectueux, peut-être même un peu trop. Alors il n’aimait pas penser qu’il dérangeait, surtout après s’être « tapé l’incruste ».